Safe place for refugees
Situation d'urgence pour les transmigrants en belgique


2017 – A l’heure où nous écrivons ces lignes, une énième polémique politique fait rage dans notre pays, échéance électorale oblige, posant des questions sur le devenir des réfugiés. Dans la capitale de l’Europe, des hommes, des femmes, et parfois des enfants passent l’hiver dehors, dans un parc au cœur de Bruxelles : le parc Maximilien…
Loin de toute considération politique, religieuse ou économique, de nombreux citoyens ont pris le parti de l’Humain, de la solidarité et de la compassion. Depuis plus de 2 ans maintenant des milliers de citoyens se mobilisent pour héberger, nourrir, réconforter, etc.
Organisés autour de la « Plateforme Citoyenne de Soutien aux Réfugiés BXL Refugees », ils aident les « transmigrants », qui n’ont accès à aucune structure officielle, à (sur)vivre dans la dignité.

Nous ne pouvions évidemment pas rester insensibles face à cette crise se déroulant sous nos yeux. C’est pourquoi, dès octobre 2017, nous avons sollicité le mouvement adventiste à l’échelon belge (fédération Belgo-Luxembourgeoise) ainsi qu’au niveau européen (Division inter-Européenne) en vue de répondre aux besoins de l’urgence. C’est comme cela que le projet Safe Place for Refugees est né.
Ce projet a également pu voir le jour grâce à un formidable partenariat avec l’association « L’Arche de Bierges » (foyers accueillant des adultes porteurs de handicap mental léger à modéré). Grâce à leurs minibus, nos fonds et une petite armée de volontaires, nous avons démarré l’action fin de l’automne 2017 jusqu’à la fin du printemps 2018.

L'opération Safe Place for Refugees
en chiffres
3
minibus
4
supers coordinatrices
88
chauffeurs bénévoles
137
trajets effectués
185
familles rencontrées
995
réfugiés mis à l’abri
16.000
nombre de km parcourus

L’idée ?
Conduire chez des hébergeurs isolés ou sans moyen de déplacement les « transmigrants » du parc Maximilien.
Comment ?
Sur les réseaux sociaux : les vendredis, samedis et dimanches (jours d’affluence au parc), nos 4 coordinatrices contactent les hébergeurs en recherche de chauffeurs. Elles compilent et optimisent les tournées des 2 ou 3 minibus et envoient les feuilles de route.
Quand ?
3 x par semaine, lorsque le parc était le plus rempli : 20h00, en voiture ! Direction le parc Maximilien pour rencontrer les coordinateurs de la plateforme Citoyenne. Le temps de remplir les minibus et nos chauffeurs partent vers les hébergeurs. Un petit sourire, une bouteille d’eau, souvent le chauffage à fond, parfois de la musique et des rires, les km défilent, les hébergeurs nous ouvrent les bras, contents de voir arriver leurs «amigrants» sains et saufs. Chaque soir de tournée, nos minibus affichent 250 km de plus au compteur et nos chauffeurs rentrent chez eux fatigués de cette longue tournée, mais convaincus que, grâce à eux, cette nuit, quelques petits gars et filles dormiront à l’abri.
Ce projet a également pu voir le jour grâce à un formidable partenariat avec l’association « L’Arche de Bierges » (foyers accueillant des adultes porteurs de handicap mental léger à modéré). Grâce à leurs minibus, nos fonds et une petite armée de volontaires, nous avons démarré l’action fin de l’automne 2017 jusqu’à la fin du printemps 2018.

Cette action se situe dans un contexte d’urgence qui n’a en rien résolu la situation de ces femmes et de ces hommes; nous en sommes bien conscients. Et pourtant, à travers les dizaines de volontaires, les centaines de familles d’accueil, et les milliers de kilomètres parcourus, c’est avant tout un formidable témoignage, un geste d’humanité et de bienveillance à l’égard de personnes abandonnées.
Une façon de leur dire : « Vous n’êtes pas seuls sur votre route… »

« Je conduis les minibus de temps à autre, ne pouvant héberger (chéri pas vraiment d'accord). Hier soir je devais ramener 4 invités pour 2 foyers de ma région. Une des deux hébergeuses se foule le pied juste avant mon rendez-vous avec le minibus de Magali, "m'obligeant" à improviser ! Petite discussion avec mon chéri : "Bon, ramène-les à la maison, mais c'est toi qui t'en occupes". Lever à midi, brunch, puis hop, nos deux gaillards veulent prendre l'air dans le jardin . Ils rejoignent mon chéri, en train d'agrandir l'abri de nos ânes et...ne réapparaissent pas ! Mon fils arrive, pour aller promener les ânes avec moi. Nos deux invités préfèrent continuer à travailler dans le pré (tronçonneuse, marteau...) Nous revenons deux bonnes heures plus tard et retrouvons les 3 larrons, copains comme s'ils se connaissaient depuis toujours ! Et...l'abri de jardin est terminé ! Il était prévu que M et S soient hébergés dimanche par un relais mais plus question... Mon chéri veut qu'ils restent ! »

L'histoire de M
Il finira par nous montrer des photos sur son téléphone d’une violence à peine croyable... des balles, du sang. On ne peut qu’imaginer ce qu’il a pu subir du haut de ses 19 ans. La suite de son parcours est tout aussi tragique: les mines d’or du Darfour avec des conditions de travail proches de l’esclavage, la Libye où il a attendu plusieurs semaines en prison, un passage par bateau pour l’Italie et un naufrage en pleine Méditerranée où il verra disparaître plusieurs de ses compagnons d'infortune… Il ne doit sa survie qu’à l’arrivée des gardes côte italiens, 15 minutes après le naufrage. Et aujourd'hui ? Il dort à même le sol dans le froid du parc Maximilien !
L’interview de Dan Gagnon

Qu’est-ce qui t’a donné envie de t’engager auprès d’ADRA ?
L’an dernier, j’ai participé au Ration Meal Challenge, j’avais trouvé la mobilisation originale. Et cette année, on m’a proposé de devenir co-pilote pour Safe Place.
Safe Place for Refugees, c’est une situation vraiment particulière à la Belgique, qui forcément touche tout le monde. J’avais donc envie d’aller sur le terrain pour comprendre et ne pas tomber dans la catégorie des gens qui ont plus d’opinions que de connaissances.
Comment t’es-tu senti la première fois que tu es arrivé au parc Maximilien?
Pas à l’aise.
Il y a un espèce de sentiment de se détester soi-même parce qu’on se dit « oh je me sens pas à l’aise » et puis on se dit mais « tais-toi, gagne un minimum de décence humaine ! On s’en moque que tu ne sois pas à l’aise, ton malaise ne pèse rien dans la balance de ce qui est en train de se passer ». Il fallait surtout essayer de s’oublier soi-même et de recevoir le plus possible pour voir la réalité.
Tu as conduit des réfugiés chez des hébergeurs, est-ce que certaines choses t’ont marquées ?
Oui, c’était normal !
Ils se connaissaient un peu, ils se parlaient de manière normale. Les hébergeurs chez qui on frappait, ils disaient « ah, salut Jonathan, ça va ? », puis ils saluaient les réfugiés de manière normale. Comme ci-après une nuit passée sous le même toit, un petit-déjeuner partagé, cette situation n’avait plus rien de bizarre.
Qu’est-ce que tu gardes de cette expérience ?
Plein de gens ont besoin d’aide et pleins de gens veulent aider. Dans ce cas-ci, au parc Maximilien, ça a été vraiment une initiative citoyenne. Je dirais que si vous cherchez à aider, aidez ceux qui créent le pont, je pense que c’est le plus efficace. Et je trouve qu’une organisation comme ADRA a vraiment fait quelque chose de positif, juste le petit coup de pouce pour relier des gens qui ont un grand coeur mais qui ne savent pas comment agir ou qui ont certaines peurs, et des gens qui ont grand besoin parce que eux aussi ils sont un peu terrifiés.
C’est peut-être ça qui m’a le plus marqué : l’importance du lien, l’importance du pont que ADRA tente de construire.
